The Great Nothing

Basé sur divers extraits de l’oeuvre de Kurt Weill, le spectacle met en scène trois personnages pris dans la tourmente d’une guerre qui débute, ou se passe, ou se finit… Qui peut dire ?
Jamais misérabiliste, teinté d’une tendresse infinie ou d’une efficacité corrosive pour dire le monde d’alors, le spectacle est coloré d’humour. Car si la bête immonde aiguise ses crocs, les personnages sont malgré tout bien décidés à faire la fête en chansons, portés par un délire qui fait presque oublier le danger. Aussi, le côté intime du spectacle, sa forme « cabaret allemand » permet au spectateur de plonger au plus près, au plus profond de ce que véhicule ce répertoire : séduction, amour, esprit, fantaisie et gouaille. On rêve, on rit, on boit ; la vie s’écoule dans la bonne humeur…
De fil en aiguille, ponctuant l’action, les personnages en présence dévoilent un ressenti particulier, donne accès à un monde intérieur directement en lien avec ce qui est chanté ; pris dans la tourmente de la grande Histoire, la petite histoire personnelle fait alors avancer le propos, avec tout ce qui est contenu et se dégage de charge dramatique.
Jetés dans une espèce de hors-temps qui perturbe les repères chronologiques, les personnages livrent leurs états d’âme avec plus ou moins d’impudeur. Qui sont-ils ? Sont-ils vivants, sont-ils morts ? On ne sait…

Kurt Weill
Kurt Weill (1900-1950) fut un compositeur très controversé. Allemand, cultivé et révolutionnaire, il était trop juif pour les nazis, trop transversal pour les savants et trop terre-à-terre pour les idéalistes... Contraint de quitter l’Allemagne par l’entrée au pouvoir des nazis en 1933, il s’exile aux États-Unis et devient citoyen américain en 1943, après un passage de deux ans à
Paris. Peu de temps après sa fuite, ses oeuvres sont mises à l’index et il n’est plus question de les jouer en Allemagne. Ayant débuté sa carrière au sein de l’avant-garde musicale berlinoise (Busoni, Schoenberg, Berg, Webern), il la termine à Broadway, en plein show-business américain !
De formation classique, il imprègne délibérément ses compositions de l’influence de musiques populaires (jazz, tango, folklore...), ce qui lui vaut l’éloge des uns et les reproches des autres. Ses oeuvres cachent une complexité harmonique bien réelle et un talent d’orchestrateur sans égal. Dans la veine du théâtre populaire de Bertolt Brecht, avec lequel il a vécu ses collaborations les plus remarquables, l’intention du compositeur de l’Opéra de quat’sous (Die Dreigroschenoper) était d’écrire une musique parfaitement intelligente, mais suffisamment accessible pour ne pas s’adresser uniquement à une élite intellectuelle.
Kurt Weill est un compositeur capable de regarder la nature humaine en face, sans l’enlaidir ni l’embellir, ce qui témoigne d’un remarquable humanisme. Son oeuvre est un formidable prétexte pour explorer des distinctions fascinantes : celles qui opposent art pour la masse et art pour l’élite, culture savante et culture populaire, musique sérieuse et musique de divertissement, technologies et arts vivants.

Programme du 22 / 05: Scénario original autour de mélodies de K. Weill

22 / 05 / 2016 - THE GREAT NOTHING